Janick a marié sa fille

Publié le par Janick Lebon

Janick a marié sa fille

 

Introduction :

            « Et si tu racontais le mariage de ma fille ! », me dit Janick, mon frère. Peut-être sentait-il qu’il n’avait pas tout vu, préoccupé qu’il était à tenir son rôle de père qui voyait son dernier enfant et unique fille s’envoler officiellement pour construire sa vie en couple. Sans doute voulait-il tout simplement fixer un peu mieux cet événement qu’il a porté en gestation dans sa tête depuis plus d’un an afin de pouvoir en arrêtant le temps se ramener, quand il sentira le besoin, sur ce qui a été pour lui et pour Eliane, sa femme, un grand moment de bonheur.
Photo: Pour voir le diaporama des photos du mariage, clic sur "Photos mariage", à gauche.

            Mais le coup d’œil d’un seul observateur ne peut pas cerner complètement et convenablement une telle période riche en émotions diverses. D’autres apports sont nécessaires : la réalité, qui est riche, a besoin d’autres yeux pour retenir l’essentiel et quelques détails ; d’autres paires d’oreilles pour capter de petits commentaires par-ci par-là ; d’autres « nez » pour deviner et sentir des attitudes parfois singulières. C’est ainsi que Cécile, sa belle-sœur, Rudy, sa sœur, et Georges, son frère ont apporté leurs contributions à ce récit.

            Et surtout, un mariage, quelle que soit la facilité de tout un chacun à s’ouvrir au cœur de l’événement à son voisin, est une réunion pour un jour de deux « communautés » qui en principe sont étrangères l’une à l’autre : Le monde de la mariée et celui du marié, ici d’Ariane et de Greg. La tendance générale pour tout invité est de se caser parmi ses connaissances, même si des passerelles sont vite établies au cours de la soirée pour des rapprochements qui deviennent naturels, parce que les acteurs principaux de ce jour auront l’occasion de rassembler les mêmes ou presque plus tard pour d’autres heureux moments de leur vie commune qu’ils ont commencé à construire ce samedi 27 juin 2 009.

 

À la maison de la mariée :

            Quand la « Peugeot 3 008 » se range devant la maison de famille d’Ariane, une voiture décorée comme il se doit pour la circonstance et qui doit l’emmener d’abord à la mairie, ensuite à l’église et enfin à la salle où auront lieu les noces, une voiture conduite par Stéphane, le fils aîné de Janick qui montrait toute la fierté qu’il avait à tenir un tel rôle, le gros des invités était déjà sur place. Qui promenaient leurs belles toilettes, qui montraient leurs beaux costumes, tous étaient fiers de se présenter sous leur meilleur jour. Sous les arbres qui bordent cette maison et le grand parking attenant à la petite cité, la préoccupation était avant tout à la recherche d’une bonne part d’ombre pour résister à la chaleur qui s’abattait déjà sur Marseille en ce début de l’été 2 009. Mais, quand l’esprit est à la fête, la résistance est bien meilleure ; on eût dit même que les cigales du coin se faisaient plus supportables en apportant un fond sonore qui collait aux décors.

            Les invités du marié avaient fait leur apparition en groupe, et avaient donné le ton : Rien qu’à l’oreille, on savait bien que cela se passait à Marseille. Ils se mêlèrent vite aux présents. Il y en avait qui venaient des Pyrénées comme pour une partie de la famille de Greg, de la Réunion ou de la Bretagne ou encore de la région parisienne du côté de Janick, et tous sans difficulté s’étaient glissés dans les plis de cette ambiance provençale. À les entendre tous parler, s’interpeller à haute voix, dans de grands éclats de rire, surtout à l’arrivée du marié, il n’y avait pas de doute : à coup sûr l’événement se présentait bien. Tout ce monde attendait la sortie d’Ariane. Des parents et des amis, en comité restreint autour d’Eliane, la mère, s’activaient à faire en sorte que son apparition soit la plus réussie possible, car, pour beaucoup, c’est la première impression qui marque durablement. Et cette sortie fut une réussite, il n’y avait qu’à voir l’atmosphère de joie qui enveloppait les environs à l’approche du départ du cortège.

            Parmi tous ces gens, les invités de la Réunion cherchaient particulièrement à savoir si tel ou tel qui visitait le pays en attendant l’événement était déjà sur place. Ainsi Rudy était juste arrivée sur le parking au moment où le cortège s’ébranlait, et elle n’avait donc pas vu la sortie de la mariée de la maison familiale.

            D’autres, ne connaissant pas la ville, avaient une préoccupation : le bon itinéraire pour se rendre à la mairie de l’arrondissement sans se perdre. Cette préoccupation fut encore plus renforcée quand ils apprirent les difficultés à se garer dans les environs de cet édifice public, d’où la décision pour un certain nombre d’anticiper sur le départ officiel. Et ceux-là eurent plus que raison : en y arrivant, ils découvrirent que tous les trottoirs des environs de la mairie étaient déjà occupés par les voitures des participants aux nombreux mariages qui attendaient déjà leurs tours pour passer devant la Maire, mais ils finirent par trouver quelques places à une certaine distance du portail d’entrée, conscients d’un aller-retour à faire à pied sous le cagnard d’un été provençal qui avançait déjà bien dans sa programmation naturelle.

 

À « La Maison blanche », mairie des 9e et 10e arrondissements de Marseille :

            De la rue on ne pouvait pas le deviner, la mairie est une bâtisse du genre demeure bourgeoise au cœur d’un grand parc boisé que la collectivité a dû racheter à un grand propriétaire. Avec un avantage certain en cet après-midi d’été : beaucoup d’ombrages, et par conséquent un peu de cette fraîcheur tellement recherchée, les hommes pouvaient tomber la veste ; et un inconvénient, selon Cécile : il n’y avait pas assez de places pour s’asseoir en attendant que les services municipaux gèrent le passage en salle des différents mariages présents sur place. Mais ce temps à s’occuper de son mieux a permis tout même aux derniers arrivés de se faire accueillir par les amis qui y étaient déjà. C’est ainsi que Rudy et Jean ont eu le temps d’apprécier les retrouvailles avec les « Marseillais de Janick », pour reprendre leur expression.

            Quant à la cérémonie civile, elle fut diversement appréciée : pour Georges, elle fut un peu rapide, à peine une quinzaine de minutes en salle, juste pour lire les textes officiels ; et il a regretté qu’il n’y eût pas un petit discours de la Maire, même s’il comprend l’argument du nombre de célébrations prévues dans l’après-midi. D’ailleurs, à la sortie de la salle de mariage, un certain mélange des cortèges s’opérait si bien que l’on a pu entendre ici ou là : je dois retrouver mes mariés et mes amis. Il fallait bien repérer les siens pour ne pas rater le départ pour l’église, après un passage photo auprès des mariés, pour marquer le souvenir de cette journée.

            La longue séance de photos dans ce cadre de verdure fut pilotée par Eliane qui avait à coup sûr pensé à la composition des différents tableaux en appelant tour à tour les invités selon la parenté ou les relations avec Ariane ou Greg ; faire passer devant les objectifs les parents et amis des deux mariés demandait en effet pas mal de temps et d’organisation. La branche d’un pin parasol et le reflet du petit plan d’eau à l’arrière enrichissaient le cadre. C’est ainsi qu’Eliane appela méthodiquement les invités pour les photos officielles, en veillant à ce que des groupes des parents ou d’amis à placer autour des mariés soient bien constitués. Il ne restait plus à la photographe professionnelle, et aussi à tous les amateurs intéressés par telle ou telle composition, qu’à officier. Dans ce cadre extraordinaire, personne ne pourra dire qu’il n’a pas eu la possibilité d’avoir les mariés bien entourés à son goût sur l’écran de son appareil.

            La cérémonie religieuse à l’église de Saint-Loup était prévue pour 18 heures seulement, le mieux était encore de profiter de ce parc. Et, pour Georges, heureusement que des petites bouteilles d’eau fraîche ont été distribuées car malgré le temps qui s’écoulait le soleil tapait toujours dur, et une certaine fatigue se faisait sentir même à l’ombre.

            L’organisation, sans qu’elle fût vraiment très apparente, se sentait déjà ; tout était prévu et se déroulait sans accrocs, fruit d’une réflexion collective sans aucun doute dans les deux familles, la réalisation étant supervisée par Eliane.

 

À l’église de Saint-Loup :

            Mais les « anxieux » ou les anticipateurs selon les appréciations que l’on porte dans ces circonstances, songeaient déjà à la 2e étape du parcours en ville, qui va de la mairie à l’église, et surtout aux stationnements à l’arrivée. On leur avait dit que les places y étaient encore plus rares, en raison de la topographie et d’un autre mariage prévu un peu avant 18H ; on leur avait même conseillé de se mettre sur le parking d’un supermarché à plusieurs centaines de mètres du site religieux. Des parents réunionnais d’Ariane, tantes, oncles, nièces et neveux, se décidèrent à quitter plutôt le parc boisé de la mairie. Et ils eurent bien raison, car ils purent encore trouver quelques places à proximité de l’église et supporter ainsi l’attente de l’office en se réfugiant dans une petite boutique climatisée qui vendait du café, du chocolat etc. et qui proposait aussi aux clients une dégustation de ses produits. Bien au frais, ils s’offrirent le luxe de taquiner gentiment à travers la vitre leurs amis qui s’étaient garés au loin et qui s’approchaient de l’église en sueur. Mais il était difficile d’échapper complètement à un soleil toujours très chaud quand ils se décidèrent à rejoindre tous les invités, qui attendaient qu’un responsable de l’église daignât donner son accord pour que le cortège puisse passer la porte du bâtiment.

            Janick fit une entrée majestueuse dans l’église de Saint-Loup, Ariane à son bras. Tout fier de sa fille, et de la réussite de cet événement qui se dessinait déjà. Il la conduisait à l’autel pour qu’elle reçoive le sacrement du mariage. C’était pour lui, incontestablement, un grand moment symbolique vu qu’il devait sans doute bien mesurer, bien sentir, que derrière des parents et des amis des deux familles vivaient ces grands moments en communion avec lui. Il avait réussi à réunir à Marseille sa proche famille, ce qui ne s’était pas fait depuis longtemps. Sa sœur et ses frères qui ont fait spécialement le voyage de la Réunion étaient heureux d’être là. Et pour couronner le tout, il y a eu un beau geste symbolique d’Ariane qui n’est pas passé inaperçu. C’est Rudy qui le raconte, et qui assure qu’elle en a été très touchée : « J’ai vu une Ariane fière de son père, et qui l’a embrassé quand il l’a placée auprès de son mari à l’autel ».

C’est dans un large espace que les mariés ont été installés, et ceux qui les accompagnaient pouvaient s’asseoir pratiquement tout autour comme pour les encadrer, pour mieux les porter.

            Des peintures au mur dont la qualité est rehaussée par les vitraux qui laissent passer des lumières multicolores donnent un cachet particulier à un intérieur presque plein. On comprend que dans un tel cadre le curé puisse s’exprimer avec encore plus de solennité, même si la beauté de la cérémonie d’un mariage se retrouve en tous lieux et à toutes les époques. Ce fut vraiment une belle cérémonie, un groupe gospel y a apporté un plus en accompagnant les mariés jusque sur le parvis de l’église où ils furent arrosés de pétales de rose et de bulles, rappelle Rudy, pendant que parents, amis et invités en général se pressaient pour lancer les premières félicitations. Les appareils de photo et les caméras n’arrêtaient pas de les cadrer ; le temps semblait avoir ralenti sa course, la température avait commencé à baisser. La noce se faisait à Carnoux, une petite ville sur la route de Toulon que personne ne pouvait rater en prenant l’autoroute qui démarre juste à côté du centre du quartier de Saint-Loup.

 

La fête à la « Dolce Vita » :

            Un bon choix que cette salle « Dolce Vita » pour faire la fête ! En tout cas, personne n’a rencontré de difficultés pour se garer ; les rues très peu fréquentées, avec de larges trottoirs, qui contournent cet établissement spécialisé dans l’organisation des fêtes, ont pu facilement accueillir toutes les voitures du cortège.

            Le soleil commençait à disparaître, l’air était bien meilleur, et les rares invités qui avaient gardé la veste jusqu’ici ont continué à la porter, craignant une baisse sensible de la température à l’entrée de la nuit qui rendrait l’atmosphère un peu trop contrastée avec ce qu’ils avaient subi toute la journée.

            Tout le monde était très détendu. En effet, l’accueil par des apéritifs bien présentés et bien servis, dit Rudy, s’est fait dans un jardin agréable, bien entretenu, rapporte Georges ; un cadre plus que propice à de nouvelles prises de photos disons un peu plus familières en compagnie des mariés et de leurs parents. Et là encore, Eliane était à la manœuvre ; aucun invité n’a été oublié. La mariée resplendissait, et donnait de l’éclat aux groupes photographiés ; le marié, grand, portait avec élégance son beau costume. C’est donc dans une ambiance décontractée où le temps semblait pour une fois à la disposition des uns et des autres que des échanges ont pu commencer à se faire. On cherchait à se reconnaître, à se redécouvrir car dans ces occasions, même parmi les connaissances, il y en a toujours qui se sont un peu perdues de vue, y compris chez les jeunes qui font leur avenir aux quatre coins de la France hexagonale et qui pour la circonstance laissaient apparaître l’intérêt et le plaisir qu’ils avaient à se retrouver ce soir-là.

            Et l’on passa ensuite à table dans une très grande salle où les convives furent placés par dix, pour un bon repas servi par des personnels disponibles qui n’hésitaient pas à réalimenter les convives en boissons.

            Pendant toute la soirée, les amateurs de danse pouvaient se divertir sur une piste placée en bout de salle mais sur un plan surélevé, au rythme d’une musique où l’on retrouvait de temps à autre des airs du folklore de la Réunion. « Bravo pour les ségas ! », dit Rudy ; « Dans ce mariage la Réunion était bien présente, et bravo aussi aux Marseillais », ajoute-t-elle encore. D’autres, cependant, ont noté un manque d’entrain pour le bal, les jeunes s’en sont tenus à une certaine réserve, laissant à de plus âgés le soin de remonter le niveau de l’ambiance, comme l’ont brillamment fait les parents de Greg. Sans doute ces jeunes étaient-ils plus motivés à suivre les témoignages d’amitié que des amies d’Ariane ont apportés sur le plateau, après que les époux eurent tour à tour prononcé quelques mots de remerciement à leurs invités ; d’autres furent déçus qu’il n’y ait pas eu des discours des parents. Mais Janick, pour parler de lui, eût-il passé quelques jours à en préparer un, de qualité, bien entendu, que sa modestie l’aurait poussé à garder son texte au fond de sa poche. Et toutes ces démonstrations se déroulèrent sous l’œil attentif et amusé des grands-parents d’Ariane et de Greg dont la table était placée juste devant la scène !

            C’est bien tard que les fêtards commencèrent à partir, emportant chacun une petite bougie souvenir dans un verre portant la mention : « Merci pour toutes vos attentions en cette merveilleuse journée qui restera à jamais gravée dans nos mémoires ». Un mot signé Ariane et Greg qui a rajouté à l’ensemble une touche de plaisir.

            La nuit tirait sur la fin quand le dernier carré se décida à lever le camp. La satisfaction se lisait sur les visages et cachait bien la fatigue. Mai chacun se disait en lui-même que la partie n’était pas terminée puisqu’un rogaton, chez Eliane et Janick, attendait le premier cercle des invités des deux familles.

            Le mot de la fin revient à Rudy : « Soirée grandiose, bien réussie, réglée comme du papier à musique, sans fausses notes ».

 

Le rogaton :

            Le premier tour de force a consisté à caser dans le séjour des LEBON et dans leur petit jardin 40 personnes environ ; le deuxième, à ce que les invités trouvent à table de quoi satisfaire leurs appétits, non pas avec les restes du banquet de la veille comme le signifie le terme de rogaton, mais avec de nouveaux plats qu’Eliane avait préparés spécialement pour cette dernière partie. La formule buffet initialement prévue a été abandonnée vu les déplacements plus que gênants qu’elle n’aurait pas manqué de provoquer. Tables et chaises supplémentaires apportées par les familles les plus proches, volontaires pour s’occuper des différents petits groupes par affinités, casés ici ou là, la bonne humeur et le plaisir de se retrouver ensemble, tout cela a fait que ce rogaton s’est très bien déroulé au point qu’il a été même dit qu’on aurait pu augmenter le nombre de participants. Il y a toujours de la place pour s’amuser ! Bien entendu, comme il se doit à Marseille, il y a eu en milieu d’après-midi une partie de boules derrière la maison.

            Il est certain qu’au fond d’eux-mêmes, en partant, la plupart pensaient aux prochaines retrouvailles, à Paris, en Bretagne ou à Marseille même. Il revient aux jeunes de fabriquer les circonstances pour qu’elles se réalisent ; les plus vieux y seront à tous les coups !

Nicol

Publié dans Journal

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