Le petit garçon muet

Publié le par Janick Lebon

 

Le petit garçon muet

 

Photo : Un jeune oiseau martin dans un parc.

 

Il était petit à 5 ans et demi à peine, joufflu, sa tétine rose à la bouche en permanence, et marchait sans trop d’assurance ; quelques brins de cheveux sur la tête, et un front déjà bien dégarni ! Bref, il n’a pas changé depuis cet âge !
Cependant, il ne parlait pas. Il était muet. Il pouvait émettre quelques grognements, mais pas un seul mot. « Enfin mes amis, cet enfant ne parlera pas ! », disait marraine France. Que faire ? « Il faudra voir madame Bazon, pour avoir une tisane ! », disait-elle encore.
Eh voilà toute la famille en émoi pour rechercher la meilleure tisane qui soit ! La « tisaneuse » du coin, Mme Bazon, en a fabriqué des tisanes ! Et le pauvre petit garçon n’arrêtait pas d’en boire à longueur de journée dans des séances de pleurs sans fin.
Aucun résultat ! Il ne parlait pas.
Il faudra « chercher un martin (c’est un oiseau qui ressemble à un petit corbeau mais avec un bec jaune) et couper le filet de sa langue pour le faire parler », disait marraine France. C’était la solution radicale. On finit par mettre la main sur un martin et on lui coupa le filet. Comme par hasard, un beau matin notre petit garçon jeta sa tétine et dit :« Maman ! ».
Quelle joie ! Toute la famille n’arrêtait pas d’en parler et les mots tombaient les uns derrière les autres. À partir de ce jour, le petit garçon refusa sa tétine. Des mots ajoutés les uns aux autres formèrent des phrases.
À compter de ce jour, notre petit Janick parla.
Une note à propos de l’oiseau martin : Mon frère Georges avait deux martins chez lui dont un qui accueillait tous les visiteurs d’un « Bonjour », répété 2 à 3 fois, en gonflant son plumage. Il enchaînait ensuite tout son récital : Plusieurs fois « Cécile », ma belle sœur, « Véronique », ma nièce, « Quelqu’un ? », et sifflait même les 3 premières notes de la Marseillaise. Il imitait assez bien la sonnerie du téléphone. Les enfants qui débarquaient chez lui n’arrêtaient pas de le mettre en spectacle, au grand contentement de l’oiseau. Mais il s’en débarrassa car les oiseaux faisaient beaucoup trop de bruits quand ils ne parlaient pas, le gênant particulièrement pendant sa sieste. Pourtant cet oiseau parleur était de sa fabrication si l’on peut dire. Il avait appliqué la méthode connue des Réunionnais. Il avait placé en haut d’un benjoin de sa cour un vieil arrosoir en fer-blanc, un nid tout prêt en quelque sorte, cueilli un peu plus tard les oisillons tout juste emplumés, bien avant le premier envol ; et les avait placés dans une cage spéciale pendant toute la période où il devait les nourrir au bec. La cage fut placée sur une petite table, à côté de sa télévision, dans sa cuisine, de façon qu’il puisse, de son fauteuil pliant, là où il avait l’habitude de regarder les films, avoir l’œil sur ses oiseaux.
Prochaine article dans cette catégorie « Mon enfance » : La case de la ravine bassins.

Publié dans Mon enfance

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article