Le Colbert en Mauritanie

Publié le par Janick Lebon

 

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Le Colbert en Mauritanie (Nouakchott)

 

 

Photo : Je ne me lasse pas de découvrir la Provence  : laissez-moi vous montrer ici un petit village dans les vignes au pied du Mont Ventoux.

 

Après trois jours d’escale à Dakar, nous nous sommes retrouvés au large de la Mauritanie , au mouillage. Les canots de bord faisaient l’aller-retour pour les permissionnaires. Il n’y avait rien à voir ; que du sable partout ! Un sable fin, de couleur jaune, et nous habillés tout en blanc ! Vous voyez un peu ce que cela pouvait donner !

Le seul bar de la ville était tenu par deux Françaises. Il y avait autour de ce bar près de cent marins ; il n’était pas question d’atteindre le comptoir. Il n’y avait rien dans cette ville délabrée. Les femmes et les filles sortaient très peu de chez elles, De toute façon, ce n’était qu’ un « tas de chiffon noir » qui marchait dans la rue. Dans ces conditions, plus personne à bord ne voulait sortir à terre. Le commandant demanda, par circulaire, aux responsables d’obliger quelque peu les marins à se rendre à terre – le bateau représentait la France.

Pour mon compte, je me suis mis à pêcher ; il n’y avait pas que moi d’ailleurs : ceux qui avaient échappé aux mailles du filet pour les sorties faisaient comme moi. Nous sommes tombés sur un ban de maquereaux. On n’arrêtait plus d’en remonter à bord. À peine l’hameçon touchait-il l’eau que le poisson se faisait attraper. On a dû en prendre près de vingt kilos, que l’on a donnés au cuisinier pour le repas du soir. Justement, ce soir-là, c’était la grande parade à bord du Colbert. Comme à chaque escale, le navire en représentation offrait le pot de l’amitié. Tous les dignitaires du pays visités étaient là, ainsi que les hauts gradés militaires avec leurs femmes enrubannées. Et la fête pouvait commencer !

L’escale tirait sur sa fin…et l’on était tous contents de rentrer à notre port d’attache, Toulon. Une fois les ancres levées, nous étions en route pour regagner notre bercail. Chacun savait que sur les quais, les familles attendaient notre arrivée. Personne ne m’attendait ; ceux qui étaient de service venaient me voir pour se faire remplacer, et je le faisais volontiers.

Mais la maladie sévissait à bord ; des maladies vénériennes préoccupaient les autorités : 30 % de l’équipage étaient atteints de chaude pisse. Elles se demandaient comment intervenir auprès des familles si les maris sont touchés et qu’ils doivent rester en quarantaine à bord jusqu’à la guérison. Le feu dans les foyers, divorce, séparation etc. Trois mois passés à bord sans voir sa famille et revenir à Toulon pour rester sur le bateau le temps que la maladie passe… Il y avait aussi des cas de dysenterie amibienne. Le Colbert était dépassé et a dû faire appel aux hélicoptères pour les plus atteints et aux ambulances pour désengorger l’infirmerie.

La croisière était terminée. Un groupe de copains décidaient alors pour oublier les collègues de faire la tournée des grands ducs.

C’est nous les gars de la marine…

 

Publié dans Livre

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