Le centre d'Hourtin

Publié le par Janick Lebon

 

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La dernière fois, je me suis permis de quitter, pour un instant, mon récit linéaire pour vous raconter mon stage de facteur à Rueil-Malmaison, un stage qui me mena au Centre de tri de Marseille gare (j’aurai l’occasion de vous en parler plus longuement). Nous en étions à mon arrivée à Marseille, après un long voyage sur le « Jean Laborde », la ville où je me suis installé une fois revenu à la vie civile, et où je passe ma retraite. Je reprends donc mon récit.

 

Le centre d’Hourtin

 

Photo : un effort de réflexion, de concentration devant mon ordinateur.

 

Avant d’arriver à Bordeaux, les chefs nous avaient tous réveillés. Un car de la marine nous attendait près de la gare. Direction Hourtin.

 

À l’arrivée, nous avons eu droit à un comité d’accueil : tout un parterre d’officiers nous attendait à la descente du bus. On nous a demandés de nous mettre en rang deux par deux et de laisser nos valises aux pieds. Ensuite les responsables nous ont conduits au restaurant du centre où un bon petit déjeuner nous a été servi.

 

Ayant retrouvé nos valises, un chef nous a demandé d’y enlever tout ce qui peut être interdit dans une caserne, des bouteilles de rhum par exemple, et de ne garder que la trousse de toilette. Puis il nous a emmenés chez le coiffeur. Alors là, il y a eu de quoi rigoler : y en a qui avaient des cheveux longs ; quel plaisir pour les coiffeurs ! Nous sommes tous sortis du salon la tête rasée comme des prisonniers. Nous nous mettions facilement à rire les uns des autres, mais en réalité nous n’en menions pas large.

 

À l’habillement, tout s’est bien passé. Les costumes de la marine sont bien taillés. Nous étions habillés de la tête aux pieds ; nous avions même des slips kangourou – il le fallait bien puisque tous nos vêtements se trouvaient dans les valises. D’ailleurs, que sont-ils devenus ces vêtements ? Plus tard, maman nous a dit qu’ils ont été retournés dans un piteux état. Je pense aux costumes qu’elle nous avait achetés, à Benjamin et à moi ; je ne sais pas vraiment ce qu’elle a pu en faire, on n’en a plus parlé du tout.

 

Formation des escouades. Benjamin n’était pas dans mon groupe. Toutes les escouades défilaient aux pas cadencés et en chantant «  la Marseillaise  ». Nous avons passé un bon mois dans cette caserne. À faire de l’aviron sur une barque assez longue pour dix personnes au moins : le chef nous demandait de mettre les avirons à la verticale, et ce propos je tiens à vous raconter un petit épisode :

 

- Nous étions tous dans une barque, les avirons en main. On quitte le quai, et le chef nous demande d’amener les avirons à la verticale. Tous les marins exécutent l’ordre, sauf que moi je me bats à mettre le mien debout. Au lieu que ce soit le marin qui soulève l’aviron, c’est l’aviron qui soulève le marin. J’ai continué à me battre avec le mien pendant une dizaine de minutes (dans la situation où je me trouvais, le temps était plus long, bien entendu), et le chef ne disait rien. Tout le monde se foutait de ma gueule (si vous me permettez l’expression). J’avais les jambes dans le vide et l’aviron dans l’eau. Alors le chef se décida à parler : Untel à l’aviron et Monsieur Lebon à la barre. La situation avait changé radicalement : tous ceux qui se sont foutus de ma gueule (id) me baladaient sur le lac à présent.

 

            Le stage est terminé ; nous voilà tous au garde à vous pour recevoir notre feuille de route : destination Rochefort sur mer pour moi, une école d’administration ; destination Toulon pour Benjamin, une école d’infirmiers.

 

 

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